3e 2 du collège Le Plan du Loup (Ste-Foy-Les-Lyon)
21 mars 2016
En réponse à la consigne :
Consigne 5 : épiloge
Après quelques mois de convalescence, Abdourahmane était retourné au front. Son bataillon de tirailleurs sénégalais avait été en première ligne lors des grandes offensives allemandes de mars 1918. Ils s’étaient battus courageusement, mais avaient été obligés, comme toutes les unités, de reculer devant cette formidable offensive. Les pertes avaient été terribles une fois de plus. De nouveaux renforts étaient arrivés. Des jeunes arrachés eux aussi de leurs villages, complètement perdus devant cette forme de violence extrême à laquelle ils n’étaient pas habitués. C’était eux, les anciens, qui essayaient de leur inculquer quelques notions de base qui leurs permettraient, peut-être, de survivre.
Puis le mois de juillet était arrivé et la situation avait changé. Les Allemands étaient épuisés, ils avaient cessé leurs offensives et désormais c’était eux qui attaquaient pour reprendre le terrain perdu. L’espoir était revenu, mais les pertes étaient toujours importantes. Pour Abdourahmane tout allait bien. Il survivait combat après combat. Il semblait comme protégé des balles et des éclats d’obus. Peut-être était-ce la chanson que lui avait envoyé Eugène Weber qui le protégeait. Bien qu’étant resté à l’arrière du fait de sa réforme, ils restaient en contact. Eugène lui écrivait régulièrement pour lui parler de la vie à l’arrière. Son sergent lui luisait les lettres qu’il recevait. Et pour montrer qu’il n’était pas dupe du bourrage de crane intensif que les populations de l’arrière subissaient, il lui avait écrit une chanson dénonçant le carnage. Cette chanson qui avait réussi à passer la censure, il en portait le texte sur sa poitrine.
D’offensives en offensives, de rares repos en rares repos, on s’était dirigé doucement vers le mois de novembre et ses froids que redoutait Abdourahmane. Début novembre des bruits avaient commencé à courir et finalement le 11 novembre, un clairon, dans les tranchées, avait sonné l’armistice. C’était la fin de la guerre.
Abdourahmane était encore resté quelques semaines en première ligne avant de regagner Sainte-Foy-lès-Lyon. Il avait retrouvé Eugène Weber et sa famille. Enfin démobilisé après la signature du traité, il avait pu regagner son village, où il avait repris une vie normale.
Désormais il vieillissait tranquillement, racontant parfois ses aventures aux enfants du village, toujours émerveillés parce qu’ils ne se rendaient pas compte de toutes les souffrances que cela avait représenté.