C’était un 16 juillet de l’année 1916, un jeune homme italien, surnommé « le rital » venait d’être réquisitionné et rejoignait le fort de Bron en tant que mécanicien. Il avait des yeux verts très vifs qui donnaient du relief à son visage un peu lisse et enfantin. C’était la veille de ses dix-huit ans et il ne pensait pas qu’il allait les célébrer dans de telles conditions. Pour lui, la guerre n’aurait dû durer que quelques mois.
A son arrivée, le lieutenant Chaunier, chargea Émile d’intégrer le nouveau venu. Dès qu’ils s’aperçurent, ils eurent l’impression de s’être déjà rencontrés. Le rital le reconnu grâce à son long nez aquilin et sa démarche particulière : il boitait légèrement. Il avait l’air mystérieux, cachant certainement un secret, comme tout le monde ici.
Ils commencèrent à visiter le fort mais en voyant le rital tout triste, Émile s’inquiéta :
Tu tiens le coup ? Ça va ?
No, perqué comme tout le monde, yo suis ici par défaut. Je n’ai aucune envie de me battre. Et encore, j’ai de la chance, yo ne suis pas sur le front, mais ici, pour mes compétences en mécanique, dit-il avec un accent italien.
Et ta famille, sont-ils en sécurité ?
Si, mais je suis triste, je ne serai pas avec eux demain pour mon anniversaire. Et toi, ta famille ?
Émile eut l’air gêné et changea rapidement de sujet en lui demandant son âge car il semblait très jeune. Il décida à ce moment-là d’organiser quelque chose pour ce jeune homme.
Le lendemain, Émile qui avait enfin réussi à s’endormir fut réveillé par un bruit, sans doute le moteur d’un avion, que le rital venait de réparer sous les ordres du lieutenant. Émile en profita pour aller voir le commis de cuisine et lui demander de faire un geste pour cette occasion, de rajouter une portion au jeune homme. Ce n’était pas grand chose, mais au moins ce serait quelque chose.
A l’heure du déjeuner, personne ne parlait car tout le monde savait ce qui allait se passer, Emile ayant eu le temps de les prévenir. Même le lieutenant affichait un sourire en coin.
Joyeux anniversaire ! Chantonna le commis en le servant.
Tous reprirent en cœur. L’atmosphère se détendit aussitôt. Cela faisait des mois qu’ils ne s’étaient pas tous sentis aussi bien, que l’ambiance n’avait pas été aussi festive et heureuse.
Malheureusement, avant la fin de la chanson, un messager entra et les interrompit. La réalité les rattrapait. Tous redevinrent sérieux. Il remit un télégramme au lieutenant, qu’il lu à haute voix :
« Tous les meilleurs pilotes sont convoqués immédiatement pour bombarder la zone ennemie. » Émile, allons préparer nos affaires, la fête est finie, nous partons dans quinze minutes.
Il demanda aux mécaniciens d’aller préparer leurs avions.
bonjour, bravo pour votre récit.
Bonne continuation à tous, et à très vite pour faire votre connaissance,
Céline Cadieu-Dumont