De longues années plus tard, Abdourahmane Diaye ancien combattant vit paisiblement dans son petit village sénégalais. Agé de 59 ans, il est souvent sollicité par les enfants du village pour raconter sa périlleuse épopée à travers les tranchées.
« Abdourahmane ! Abdourahmane ! Raconte nous encore ton histoire en France. » s’écrièrent les enfants en le croisant dans la rue.
« Encore ? » Déclara ce dernier.
« Oui ! » Cria Nati son petit fils.
Alors Abdourahmane s’avança lentement vers un baobab , s’assit sur une racine, s’adossa contre le tronc et commença son récit.
« Une fois arrivé à Sainte-Foy-lès-Lyon avec mon ami Oussama, après avoir perçu le paquetage réglementaire et le fusil, la vie est devenue très éprouvante. Entre les entraînements, les marches, surtout de nuit car les officiers considéraient que c’était une perte de temps, et qu’il valait mieux marcher la nuit, les séances de tir, les corvées de nettoyage, j’étais épuisé. Chaque soir je m’écroulais sur mon matelas. Mais je brillais. Grâce à ma musculature et mon endurance je surpassais tous les autres soldats même mon ami Oussama. Je m’étais fait quelques amis et malgré la guerre, que nous n’avions pas encore connu, cette vie me plaisait. »
« Abdourahmane ! Raconte nous la bataille de la Somme s’il te plaît, s’écria de nouveau Nati. »
Abdourahmane toussa puis passa sa main dans les cheveux de son petit fils qui lui répondit par un sourire espiègle.
« La bataille de la Somme se déroula à partir du 1er juillet 1916. Elle engagea surtout les Anglais, mais nous sommes venus en renfort pour leur donner un coup de main. C’était ma vraie première bataille, de celle où l’on doit sortir des tranchées et s’exposer au feu de l’ennemi. Il y avait longtemps que nous étions dans ces tranchées où la vie était très rude. Entre le manque de nourriture, le ravitaillement n’arrivait pas toujours, les gaz et l’artillerie allemande qui nous pilonnais sans arrêt, je voyais chaque jour des camarades tomber. Mais le pire c’était les rats. Ils courraient partout, grignotaient notre pain, nous montaient dessus. Nous avions beau les traquer sans pitié, ils réapparaissaient sans cesse. Puis vint ce jour funeste , le 18 août. Notre compagnie a été désignée pour monter à l’assaut.
Au coup de sifflet nous sommes sortis et avons progressé en courant dans le no man’s land. A un moment j’ai vu Oussama qui était accroché à un fil de fer barbelé. J’ai essayé de lui venir en aide, j’ai vu une grande lueur, je n’ai même pas eu le temps d’entendre le bruit et puis plus rien. »
A ce moment là, la cloche de la petite école primaire retentit et Abdourahmane chassa les enfants en leur disant.
« La suite la prochaine fois, filez vite à l’école, il est important de s’instruire pour plus tard. »
bonjour, bravo pour votre récit.
Bonne continuation à tous,très belles vacances bien méritées,
A l’année prochaine,
Céline Cadieu-Dumont